Quelle université pour quelle société ?
La question des universités a déjà été traitée sur ce blog, comme ici, là ou entre là. Nous avons organisé dimanche 1er mars un débat autour d'une question simple « Quelle université pour quelle société ? ».
Le débat a débuté par une rapide présentation des différentes réformes voulues par Valérie Pécresse dans le cadre de la mise en place de la loi LRU (Libertés et Responsabilités des Universités) :
- la modification du statut des enseignants-chercheurs ne prend pas en compte les tâches administratives, de plus en plus lourdes (notamment due au financement de la recherche par projet court-terme), et présente l'enseignement comme une sanction pour les chercheurs mal évalués. De plus, le rôle accru du Président d'Université fait craindre les risques d'arbitraire dans la répartition des charges
- la masterisation des concours d'enseignement, qui part d'une saine volonté de reconnaitre la formation à bac+5 des futurs enseignants du primaire et secondaire, met en péril leur formation par la quasi-disparition des stages pratiques en responsabilité devant une classe et la remise en cause de l'indemnisation des étudiants
- la réforme du contrat doctoral, qui loin de résoudre les problèmes de précarité, va sans doute accroître les inégalités entre étudiants
- le démantèlement des organismes de recherche tels que le CNRS, dans une volonté de meilleure pilotage par la sphère politique
Le cadre global de la discussion a tourné autour de la différence entre deux conceptions de l'université, entre une économie de la connaissance, utilitariste, focalisée sur le court-terme, et une société de la connaissance, républicaine, progressiste, ouverte.
Société de la connaissance
Economie de la connaissance
Education
Formation
Recherche
Innovation
Liberté - autonomie
Dirigisme - pilotage politique
Court terme
Long terme
L'exemple de l'université populaire de Caen créée par Michel Onfray a été citée, comme symbole d'une diffusion citoyenne du savoir pour l'émancipation de l'individu et l'élévation du niveau de connaissances de la société, combat permanent des forces progressistes depuis le XIX° siècle. L'université doit donc rester un service public, gratuit, accessible à tous, ouvert sur la société, présent sur tous les territoires.
Parmi les propositions qui ont été évoquées au moment du débat :
- extension de la scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans
- objectif de 50% d'une classe d'âge au niveau licence (bac+3)
- résoudre le problème de la compétition du système universitaire avec les classes prépa/grandes écoles, qui favorise une reproduction des élites dans des pôles d'excellence centralisés (ce que Valérie Pécresse prône dans son plan Campus) ; faut-il envisager la fusion des deux systèmes ?
- importance d'un équilibre entre formation professionnalisante et enseignement d'ouverture, entre connaissances techniques et compétences diversifiées
- nécessité de soutenir les « universités de proximité » qui maintiennent le maillage territorial indispensable à un service public et permettent l'essor d'une vie culturelle et intellectuelle dans toutes les métropoles de taille moyenne.