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Le blog des JSR à Paris
5 avril 2009

Compte-rendu de la réunion Immigration et intégration

débat immigration
Vidéo envoyée par atchoum44

 


Marie-Pierre de la Gontrie, secrétaire nationale du PS aux libertés publiques et coordinatrice du livre « La France en libertés surveillées – La Républiques en danger », a replacé la situation faite aux étrangers dans le contexte plus général des atteintes aux libertés perpétrées par la droite depuis son retour au pouvoir en 2002, et plus singulièrement depuis le 6 mai 2007. Nicolas Sarkozy bâtit une société corsetée autour d'un triptyque inédit :

1/ une pénalisation de la misère visant  à une répression sociale des « classes dangereuses » :

Etrangers en situation irrégulière n'ayant pas « vocation à rester sur le territoire national », malades mentaux qui s'agiraient d'interner de force, criminels qu'il faut maintenir enfermés même une fois leur peine purgée... autant de cibles faciles pour accroître le contrôle social en temps de crise. La mise au ban de la société de quelques uns sert de défouloir. Ainsi, la situation faite aux sans-papiers dans ce qu'on nomme la « jungle du Calaisis » suite à la fermeture de Sangatte est indigne de l'accueil normalement fourni à toute personne franchissant nos frontière, même illégalement.

2/ un étouffement des contre-pouvoirs :

Contre-pouvoirs politique (la réforme de la Constitution n'a pas renforcé les prérogatives de l'opposition parlementaire comme le gouvernement le promettait) ou médiatique (concentration accrue dans les mains de proches d pouvoir en place). Les associations qui tentent de venir en aide aux étrangers, comme la Cimade ou Emmaüs, ont de plus en plus de mal à faire entendre la voix des plus faibles qu'elles protègent contre les décisions arbitraires de l'autorité préfectorale.

3/ une société de contrôle et de surveillance :

L'amendement Mariani instaurant les tests ADN, la multiplication des fichiers, d'EDVIGE au STIC ou à la Base-Elèves dans les écoles primaires, la mise en place de la HADOPI pour lutter contre le piratage informatique... Malgré les reproches formulés par les autorités consultatives telles que la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL), ce mouvement semble irrésistible.


George Pau-Langevin, députée de Paris en charge de l'immigration au sein du groupe socialiste radical et citoyen (SRC) à l'Assemblée Nationale, a dressé un portrait de la France face à la question migratoire. Une population qui sur-estime le poids des flux migratoires vers la France, qui commence à ressentir de la honte devant le traitement infligé aux étrangers, y compris au sein des forces de l'ordre et qui doit se battre pour les libertés, au nom des victimes de ces traitements parfois brutaux et des exécutants d'une politique critiquable.

George Pau-Langevin, qui a visité de nombreux centres de rétention administrative (CRA) souligne les risques sanitaires, notamment lié à la résurgence de malades infectieuses telles que la tuberculose, auprès des populations étrangères démunies.

Les accords de Dublin II et la création de l'espace Schengen ont reporté la gestion des vagues migratoires aux pays situés aux portes de l'Europe, que ce soient la Grèce ou la Lybie. Ces ping-pongs entre plusieurs pays débouchent parfois sur des situations inextricables, où la personne n'est ni régularisable, ni expulsable.

Les conséquences néfastes de la mondialisation au bénéfice exclusif des pays développés du Nord ont été pointés. Les subventions agricoles, comme sur le coton, octroyés dans les pays du Nord handicapent les cultures locales en Afrique et empêchent ces pays de développer leurs économies. Il faut donc intervenir sur les mécanismes qui créent les mouvements migratoires Sud-Nord, en soutenant les économies locales et en encourageant la mobilité internationale dans les deux sens.

Enfin, la politiques répressive vis-à-vis des sans-papiers peut créer les germes de sentiments racistes et discriminatoires dans la société française, qu'il convient de contrecarrer avec force et détermination.


Le débat a ensuite abordé de nombreux points :

  • l'intégration des questions migratoires dans une approche plus large de la politique étrangère de la France, notamment vis-à-vis de certains pays africains qu'on peut qualifier de « démocratures » ;

  • la définition de critères ambitieux à l'échelon européen, car des pays comme la Grèce ou la Pologne ont une politique encore plus restrictive, notamment en matière de droit d'asile ;

  • l'importance des transferts de compétences et de technologie avec les pays en voie de développement pour les soutenir

  • la question des régularisations : massives ? Sur critères ? Au fil de l'eau, comme avec la loi Chevènement qui accordait une régularisation après 10 ans sur le territoire ? :

  • les progrès qu'il reste à accomplir en matière de représentation de la diversité ;

  • l'importance d'une politique globale d'intégration, par l'école et le travail.


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